Etudes sur la cohorte AVCnn
 
Travail de thèse de Mme Laure DRUTEL (orthophoniste)
 
Madame Laure Drutel travaille depuis 2013 sur la cohorte AVCnn, elle a participé au projet AVcnn 7ans ainsi qu'AVCnn Ado. Après son master 2 reussi en 2023 (Développement du langage oral de l’enfance à l’adolescence après accident vasculaire cérébral ischémique artériel néonatal : étude longitudinale de la cohorte AVCnn), elle entame un travail de thèse sur les données qu'elle a receuilli lors des différentes études AVCnn. Le sujet est le suivant :
 
Neurodéveloppement des enfants de la cohorte AVCnn suivie prospectivement jusqu'à l'âge de 16 ans : langage, apprentissages, participation sociale et qualité de vie après un accident vasculaire cérébral ischémique artériel néonatal.
 
L’objectif global du projet est de décrire et comprendre le développement du langage oral, de la communication sociale (pragmatique) et des apprentissages (lecture, orthographe) des enfants de la cohorte AVCnn, ainsi que le retentissement des troubles du neurodéveloppement lorsque présents sur la communication au quotidien, la scolarité et la qualité de vie des adolescents.
 
Poster présenté lors des journées de recherche biomédicales à Tours le 18 décembre 2023 :
 

Ce poster lors de ce congrès a remporté le prix de la meilleure communication affichée

 
 
Etude AVCnn princeps

Principal : définir les facteurs de risque obstétrico-néonatals cliniques et biologiques de l’infarctus cérébral artériel néonatal chez le nouveau-né à terme.
Secondaire n° 1 : déterminer les mécanismes de l’infarctus.
Secondaire n° 2 : suivre les familles jusqu’en période scolaire afin d’établir les déterminants précoces de l’évolution.
 
La cohorte de 100 nouveau-nés été constituée entre novembre 2003 et octobre 2006 dans 39 services répartis sur le territoire métropolitain. Les familles qui le désiraient ont été régulièrement suivies depuis. Les principaux résultats et questions soulevées par l’étude AVCnn sont publiés dans les lettres d’informations et les articles ci-dessous puis résumés dans le texte. Les suivants (notamment la visite à 7 ans) seront mis à jour sur le site à mesure de leur parution.
 
 

Cohorte française sur l’infarctus cérébral artériel du nouveau-né à terme - Étude AVCnn

 

Lettre d'information N° 8 (mars 2018)
 
 
 
 
Références

- Chabrier S, Saliba E, Nguyen The Tich S, Charollais A, Varlet MN, Tardy B, Landrieu P. Obstetrical and neonatal characteristics vary with birthweight in a cohort of 100 term newborns with symptomatic arterial ischemic stroke. Eur J Paediatr Neurol 2010;14:206-13.

- Renaud C, Bonneau C, Presles E, Laporte S, Depeyre A, Varlet MN, Chabrier S; AVCnn Group. Lipoprotein (a), birth weight and neonatal stroke. Neonatology 2010;98:225-8.

- Renaud C, Tardy-Poncet B, Presles E, Chabrier S; AVCnn group. Low prevalence of coagulation F2 and F5 polymorphisms in mothers and children in a large cohort of patients with neonatal arterial ischemic stroke. Br J Haematol 2010;150:709-12.

- Husson B, Hertz-Pannier L, Renaud C, Allard D, Presles E, Landrieu P, Chabrier S; AVCnn Group. Motor outcomes after neonatal arterial ischemic stroke related to early MRI data in a prospective study. Pediatrics 2010;126:912-8.

- Chabrier S, Roubertie A, Allard D, Bonhomme C, Gautheron V. Hémiplégie cérébrale infantile : épidémiologie, aspect étiologiques et développements thérapeutiques récents. Rev Neurol 2010;166:565-73.

- Chabrier S, Husson B, Dinomais M, Landrieu P, Nguyen The Tich S. New insights (and new interrogations) in perinatal arterial ischemic stroke. Thromb Res 2011;127:13-22.

- Darteyre S, Renaud C, Vuillerot C, Presles E, Kossorotoff M, Dinomais M, Lazaro L, Gautheron V, Chabrier S, AVCnn Group. Quality of life and functional outcome in early school-aged children after neonatal stroke : A prospective cohort study. 2014 European Journal Paediatric Neurology http://dx.doi.org/10.1016/j.ejpn.2014.01.006
 
 

Objectif principal

Le profil obstétrico-néonatal de la cohorte AVCnn et sa comparaison avec la population générale ont été décrits.


Le principal facteur de risque biologique trouvé fut l’élévation >30 ng.mL-1 de la lipoprotéine(a) chez la mère et/ou l’enfant.
A l’inverse, nous n’avons pas observé d’augmentation de prévalence des polymorphismes génétiques des facteurs II et V de la coagulation. Ce résultat n’était pas attendu. De même nous n’avons pas constaté certains facteurs de risques cliniques suggérés par d’autres études, comme la pré-éclampsie. L’homogénéité de la cohorte (nouveau-nés à terme, non inclusion des enfants avec infarctus présumé d’origine périnatale, profil génétique de la population française) explique cette originalité.

 
Objectif secondaire n° 1

Bien que le mécanisme de de l’accident n’ait été formellement déterminé que pour deux enfants, nous avons constaté que les déterminants clinico-biologiques (et donc probablement le mécanisme) de l’accident étaient différents en fonction du sexe et du poids de naissance. Il a aussi été possible d’exclure certaines causes habituelles d’AVC comme les embolies d’origine cardiaque.

L’analyse de l’imagerie artérielle est en voie de finalisation. Les premiers résultats apportent un élément étiologique intéressant.

 
Objectif secondaire n° 2

A 2 ans 24% des enfants ont une hémiplégie infantile et 5% ont une épilepsie.

Deux signes d’imagerie, accessibles dès les premiers jours de vie sont très corrélés à l’évolution vers une hémiplégie :


- l’atteinte concomitante du territoire cérébral moyen profond et superficiel ;
- la souffrance du faisceau cortico-spinal.

Le risque est de 67% chez les enfants ayant un des signes vs. 6% chez ceux qui n’en ont pas (p<0,0001).
Les mêmes signes d’imagerie sont aussi pronostiques d’une récidive de crise d’épilepsie.

A 3,5 ans il n’est pas observé de différence de qualité de vie entre les enfants de la cohorte AVCnn par rapport aux enfants de même âge, ni (au sein de la cohorte) entre les enfants hémiplégiques vs. non hémiplégiques ou ceux ayant une bonne autonomie vs. autonomie moindre.

A 7 ans (analyse des données en cours). Tandis que les premières évaluations se faisaient à distance à partir du dossier clinique sur dossier, l’équipe (attaché de recherche, neuropsychologue, orthophoniste, médecin) rencontre désormais de visu la famille.

Cette dimension personnelle permet de considérer la participation et le comportement de l’enfant dans les activités quotidiennes du domicile et de l’école, le contexte socio-professionnel familial et le vécu de la situation par les parents, en complément des évaluations plus formellement médicales : langagières, cognitives, sensori-motrices, épileptiques…

La réalisation d’une IRM morphologique et fonctionnelle, pilotée par l’université d’Angers et Neurospin est proposée aux familles lors de cette entrevue. L’imagerie du cortex moteur sera corrélée aux scores d’habileté motrice (tests B&B et des neuf trous) recueillis lors de l’évaluation clinique puis comparée à des témoins du même âge. L'objectif est la compréhension des mécanismes de plasticité après ischémie focale néonatale et son intrication avec les autres phénomènes de réorganisation cérébrale post-lésionnels.

Définir rapidement les déterminants évolutifs après lésion cérébrale précoce permet en effet d’affiner l’information à la famille et d’adapter la surveillance et les soins médicaux, de rééducation et de réadaptation. On envisage aussi chez les nouveau-nés a fort risque d’évolution motrice défavorable risque qu’une prise en charge spécifique par les techniques émergentes de rééducation (thérapie miroir, contrainte induite, réalité virtuelle…) seront d’autant plus utiles que démarée précocement, c’est-à-dire dans la période au cours de laquelle l’enfant n’a pas encore de symptômes.

L'évaluation de l’autonomie, de la qualité de vie et de la participation aux tâches quotidiennes permet de centrer les décisions sur l’intérêt et le bien-être l'enfant.

Le point à 7 ans permet aussi d’évaluer le risque de récidive d’AVC puisqu’il s’agit d’une question régulièrement posée par les parents à l’annonce du diagnostic chez un nouveau-né.


Celle-ci s’entendant de deux façons :

« mon enfant a-t-il un risque de nouvel infarctus cérébral ? »
« y a t’il un risque de nouvel infarctus périnatal lors d’une future grossesse ? »

Les deux réponses habituelles sont : « Non, pas plus que la population générale. »

Si la première affirmation repose sur des bases déjà démontrées, la deuxième reste à ce jour empirique. Néanmoins, les observations faites chez les familles qui ont eu la visite à 7 ans vont aussi dans ce sens et sont donc très rassurantes.
 
 
En 2020, 2021 et 2022 un versant AVCnnAdo sur le même principe que la visite à 7 ans a été mis en place pour évaluer les enfants à l'age de 16 ans, il est géré par le CEA Neurospin.